L’effectuation
L’effectuation se résume à 5 principes qui permettent de trouver une idée d’entreprise puis de faire évoluer cette idée pour ne jamais rester dans un business model à faire aboutir mais au contraire dans des compétences à exprimer.
L’effectuation porte un nouveau regard sur la création d’entreprise et surtout sur les créateurs d’entreprise, permettant à ces derniers de concrétiser leur projet par des conseils précis basés sur l’expérience accumulée d’autres entrepreneurs.
Définition de l’effectuation
L’effectuation n’est pas une théorie mais le résultat d’une enquête menée auprès de chefs d’entreprise.
Cette enquête n’avait pas pour but, a posteriori, de permettre à ces entrepreneurs qui avaient réussi de se souvenir à quel point ils avaient, lors du lancement de leur activité, des qualités personnelles et une vision claire de l’avenir, mais de les confronter à un nouveau projet, par exemple le lancement d’un nouveau service.
Aussi, ont été observés les analyses, comportements, décisions... bref la méthode empirique construite par ces chefs d’entreprise dans un cadre de création.
A partir de ces observations des points communs ont été recherchés pour définir des axes de travail sur lesquels les porteurs d’un projet pourraient s’investir dans le but de faciliter le succès du lancement de leur entreprise.
Les principes de l’effectuation
5 principes construisent la méthode de l’effectuation.
Partir de ses ressources
Le capital financier
"Pas de besoin de capital" affirme l’approche Synopp. Mais si on en a ?
Aussi, pour le dire autrement, mais sur ce point les nouvelles approches de business plan se rejoignent : plutôt que de chiffrer le montant de ses besoins, autant partir de ce que l’on a.
On dispose d’ARE, de quelques mois avant de devoir se rémunérer, de l’ARCE et d’un prêt bancaire cautionné par une association... voilà pour ce qui est du volant financier.
Un actif immatériel : l’entrepreneur
Mais surtout, partir de ce que l’on a est à comprendre en terme de capital humain : qu’est-ce que l’entrepreneur possède qu’il peut apporter à son entreprise ? Quelle formation, quels contacts, quel réseau, quelles habitudes de vie, et donc connaissances de marchés particuliers, quelles compétences... ?
Que savez-vous faire ? Est-ce que les réponses apportées à cette question permettent de créer une entreprise ? Voilà dans quel sens l’effectuation fonctionne : évaluer ses ressources et non ses besoins.
Qu’est-ce que l’on risque ?
Le droit français évolue vers toujours davantage de protection de l’entrepreneur, la loi Macron venant généraliser la protection du patrimoine immobilier de l’entrepreneur individuel, celui-ci pouvant déjà être mis à l’abri de ses créanciers par la création d’une société, d’une EIRL, d’un déclaration d’affectation...
Le but de cette limitation du risque est certes d’éviter des déconfitures aux graves conséquences humaines en cas de liquidation d’entreprise. Mais l’objectif est aussi de libérer la création d’entreprise : pour bien créer, il faut créer sans contrainte.
Quel est le risque que l’on est prêt à courir lorsque l’on se lance dans un projet d’entreprise ?
On peut perdre :
– son emploi actuel,
– 12 mois d’allocations chômage (et en conserver 3 pour retrouver un emploi),
– une épargne constituée dans ce but,
– 500 euros par mois financés par un proche...
Quand on sait ce que l’on accepte de perdre, alors on peut le perdre librement. La création d’une entreprise est à ce prix.
Une entreprise constituée de partenariats
Le créateur d’entreprise génial qui se lance du fond de son garage, c’est fini. Cela a déjà été fait, et demande des compétences énormes sur un marché qui nait sous nos yeux. Ce côté génial de l’entrepreneur qui réussit est à l’opposé de l’effectuation. Il s’agit ici au contraire de souligner les points communs entre projets qui fonctionnent, accessibles à tous.
Pour cela, une entreprise se développe avec des partenaires :
– d’autres créateurs d’entreprise, pour découvrir avec eux ce qui peut être créé en commun,
– des fournisseurs, et étudier l’offre de ces fournisseurs peut être déjà un moyen de comprendre un nouveau besoin du consommateur, d’autres entreprises,
– d’autres consommateurs,
– des investisseurs,
– son réseau de proches...
Pas de plan, mais de l’attention
Dans l’effectuation, il n’y a pas de plan d’affaire, mais une attention constante aux petits riens qui ne peuvent jamais entrer dans des prévisions justement :
– la remarque d’un client, d’un fournisseur, d’un banquier...
– une difficulté rencontrée qui devient idée,
– le produit perdu, le rebut, qui pourrait être utilisé, et créer un nouveau produit,
– le temps consacré à une tâche qui pourrait être sous-traitée, proposer un nouveau service et devenir sous-traitant des entrepreneurs de son secteur d’activité...
Il n’y a pas de recette toute faite, une façon d’être qui conduit toujours à des entreprises performantes et créatrices de valeur.
L’idée n’est pas déjà là, il faut la susciter.
Finalement, le créateur d’entreprise devient comme un psychanalyste, à l’écoute de son client, notant ce qui se cache derrière les signifiants qui surgissent, cherchant une chaîne signifiante, une cohérence, un produit ou service à créer, à lui présenter en réponse à son attente inconsciente.
Bâtir plutôt que subir son environnement
Plutôt que de subir son marché, le créer !
Oui, très bien, mais encore ? L’affirmation est évidente, mais la critique encore davantage car plus personne ne croit en la possibilité, comme l’affirmait JB Say il y a quelques siècles (à raison d’ailleurs), que toute offre crée sa propre demande. Il est courant au contraire d’accepter que tel marché est bouché, telle idée est déjà prise, tel service invendable... Comment créer son marché, alors que tout existe déjà ? Comment ne pas subir les contraintes du marché alors que ces contraintes sont de plus en plus lourde ?
Prenons un exemple : comment créer un commerce quand les loyers sont devenus inaccessibles, les baux refusés aux nouveaux entrepreneurs ? Réponse : en créant un site internet, en développant une activité à domicile, en s’installant en périphérie de la ville, là où il n y’ a personne certes, mais d’où des livraisons ou des systèmes de picking (préparation des commandes, les clients peuvent se déplacer) peuvent être organisés... Il n’y a pas de contraintes qui interdisent une création d’entreprise, simplement des difficultés à dépasser et c’est dans ce dépassement que l’activité de l’entreprise va évoluer et que son business model va naître.
C’est ce dynamisme, cette inventivité, ce courage de ne pas penser comme tout le monde aussi, qui sont les qualités que l’on retrouve le plus largement chez les entrepreneurs qui ont réussi à faire aboutir leur projet. Ce sont ces qualités vers lesquelles conduisent les principes de l’effectuation.
L’intérêt de l’effectuation est d’aider l’entrepreneur à réfléchir sur 5 axes sur lesquels il peut agir et qui permettent de construire son projet en direct, sans business plan, sans idée arrêtée de ce qui est à obtenir, mais au contraire dans une disponibilité permanente, source d’information, qui permet de faire évoluer son business model et à l’entreprise de créer son marché.
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