Echange sur la rentabilité d’une activité

Les questions d’un artisan ont permis de mettre en évidence la nécessité d’étudier son cout de revient pour déterminer le prix de vente d’une prestation.

Sur la base d’un échange sur le différentiel de cotisations entre un commerçant et un artisan, c’est finalement le thème de la rentabilité d’une auto-entreprise qui est abordé.

Marge d’un artisan

Bonjour,

Je suis salarié.

Par ailleurs, j’envisage d’acheter des assiettes en porcelaine, les peindre pour les revendre. Puis-je m’inscrire auto-entrepreneur ? Ou est-ce qu’un autre statut, artistique par exemple, correspond mieux à cette activité ?

A quelle hauteur serais-je prélevé ? 12% ou 23 % ?

De plus j’aimerais savoir, une fois le paiement effectué tous les trimestres des 13 ou 23%, les autres charges à anticiper ?

Est ce que le revenu de mes ventes d’assiette s’ajoute à ceux de mon salaire normal ?


Si votre activité principale est l’achat-vente d’assiettes, votre activité sera commerciale (cotisations à 12%). A l’inverse, si l’essentielle de votre valeur ajoutée vient de vos décors sur porcelaine, votre activité est artisanale (ce qui est votre cas). Dans ce cas, vos cotisations sociales s’élèveront à 21,3% de votre chiffre d’affaires.

Comme autres charges, il faut établir un business plan simplifié indiquant les achats d’assiettes, les émaux ou peinture, fournitures...

Ensuite, votre revenu sera soumis à l’impôt sur le revenu, soit forfaitairement sur la base de votre chiffre d’affaires (2,2% mais voir conditions dans le régime fiscal de l’auto-entrepreneur), soit en les ajoutant à vos autres revenus (voir abattement alors pratiqué).


Alors si j’achète une assiette vierge en porcelaine à 5 euros TTC, que je la peints et la vends 15 euros, cela me fera, avec les 2.2% d’impôt sur le revenu + 21.3% de cotisations sur le CA, soit :
23.5% sur 15 euros de vente soit 3,52 euros par assiette.

En plus, mes charges s’élèveront à :
5 euros l’assiette + peinture etc environ 3 euros, soit 8 euros par assiette.

Au total, j’arrive à 11,52 euros de FRAIS pour un BÉNÉFICE de seulement 3,48 Euros ?

Il y a pas une autre formule ou régime car je ne vois pas trop les avantages pour les créateurs ou artisans débutant ? Car en plus on paye la TVA que l’on ne peut pas déduire, ainsi que les investissements en matériels.


Dans votre exemple :
 le total de vos charges (si l’on inclue l’IR) s’élève à 11,52 / 15 = 77% de votre chiffre d’affaires,
 a l’inverse, votre résultat (après impôt sur le revenu) n’est que de 23% de votre chiffre d’affaires.

Au final, les charges estimées d’un artisan auto-entrepreneur sont de 50%. Vos charges sont très supérieures à ce niveau estimé, ce qui explique le montant élevé de vos cotisations sociales, et donc la faiblesse du bénéfice.


D’accord pour votre réponse, mais est-ce normal que la personne qui fait de l’achat-vente soit taxée à 12% alors que l’artisan qui achète puis travaille l’objet en question avant de le revendre, lui c’est 23% ! Il n’y a pas de logique dans cette démarche de taxer encore plus la personne qui travaille de ses propres mains en créant, qui y passe donc beaucoup plus de temps avant de vendre l’objet.


La logique est la suivante : un commerçant dégagera un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’artisan mais une marge inférieure, étant donné ses achats de marchandises. Au total, à résultat identique, le commerçant réalisera un chiffre d’affaires plus important que celui de l’artisan, ce qui justifie un taux d’imposition basé sur le chiffre d’affaires inférieur.


Je ne suis pas d’accord.

Un commerçant qui fait de l’achat-vente, qui achète ses marchandises à 5 euros pièce et les revend 10 euros, soit un coefficient de 2x (souvent c’est bien plus pour de petits prix). Sans trop se fatiguer et sans trop perdre de temps. Et Taxé à 13%. Très bien.

Un artisan achète les même produits à 5 euros et après transformation, temps, consommables et matériel supplémentaire pour pouvoir les transformer, les vend 15 euros. (Plus cher donc encore, moins évident de les vendre, mais plus-value due à la transformation)

Seulement l’artisan lui à passé beaucoup de temps à la transformation du produit, et aussi plus de frais en raison de la transformation. Même s’il vend quelques euros plus cher, pour l’artisan ce n’est pas du bénéfice puisque ces quelques euros supplémentaire sont dus à la transformation..

Donc vu que le pourcentage de cotisations est taxé sur le CA, c’est encore plus cher ! 10% de plus que le commerçant.

Au total, le CA de l’artisan est taxé à 23% pour des pièces achetées au même prix que le commerçant, avec une marge plus faible que pour le commerçant.

Conclusion

Devenir commerçant est plus simple que devenir artisan, voilà une conclusion à laquelle je ne me risquerais pas. De la même façon, affirmer qu’un commerçant dégage des revenus supérieurs à celui d’un artisan auto-entrepreneur, cela ne me semble pas juste.

En revanche, cette réflexion sur la rentabilité d’une activité est essentielle. Le statut d’auto-entrepreneur n’est pas obligatoirement le plus avantageux financièrement. Il faut donc réfléchir à :
 l’ensemble des charges engagées pour son activité,
 prendre en compte l’intégralité de ses charges pour fixer son prix de vente.

Dans l’exemple ci-dessus, l’artisan doit pouvoir obtenir un prix de vente plus élevé que les 15 euros sur lesquels sont basés ses calculs de rentabilité. Ensuite, c’est l’étude de marché qui mesure l’intérêt potentiel des consommateurs pour ce produit au prix envisagé.

Une activité artisanale est-elle rentable lorsque des commerçants concurrencent directement l’artisan ? Cette question est étudiée par un céramiste qui y apporte des réponses concrètes.

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